Tout est lié, le corps est comme un orchestre
Tout au long de la vie, notre corps est la maison que nous habitons et qui nous abrite, notre enveloppe, le refuge où se trouve notre mine de quiétude et de sécurité. Il est un fabuleux véhicule nous permettant de bouger, de nous déplacer, de nous dépenser… et d’être en lien avec notre environnement. Une sorte de mobil-home unique !
Si la médecine occidentale moderne a tendance à segmenter ce corps en organes, pour ne pas dire en morceaux, ce serait une erreur de penser que tous les éléments qui le constituent pourraient fonctionner indépendamment les uns des autres. Imaginez votre corps comme un orchestre dont chaque partie serait un instrument de musique en interaction permanente avec les autres, participant ainsi à l’harmonie de la mélodie. Il est une incroyable machine, capable d’abriter le miracle de la vie et dans laquelle au travers de différents « systèmes », chaque organe, chaque cellule communique et œuvre de concert pour assurer fonctions et équilibre vitaux. Assimilation, digestion, élimination, détoxification, oxygénation, croissance, immunité, transmission, reproduction et tant d’autres !
Dans le corps tout est mouvement et cohabitation. Organes, os, muscles, structures nerveuses et vasculaires, permettant la circulation de fluides mais aussi de flux d’énergie, d’informations. Tout est relié également par des tendons, des ligaments, des fascias constituant tels une toile d’araignée notre tissu conjonctif, conférant force, stabilité, adaptabilité et élasticité de notre structure illustrant parfaitement le concept de tenségrité[1],
Prendre soin de son corps
S’il peut parfois présenter des fausses notes, être tendu, douloureux, inconfortable, fatigable ou fatigué, intransigeant… Il n’en demeure pas moins notre allié pour la vie et il nous appartient d’en prendre soin et d’être à l’écoute de tout ce qu’il a à nous dire.[2]
« Prends soin de ton corps pour que ton âme ait envie d’y rester » Gandhi
Et le périnée dans tout ça ?!
Il compose avec notre respiration, notre posture, l’intensité de nos activités, notre hygiène et notre rythme de vie, nos pratiques sportives, sexuelles, nos maux, notre fatigue, nos états d’âme, notre stress, nos cycles… avec tout ce qu’il porte, au propre comme au figuré ! Au premier plan de moments clé de notre existence, il assure les fonctions de continence, de miction, de défécation, de soutien des organes du petit bassin. Lié à notre sensualité, aux fonctions sexuelles et reproductives, impliqué dans l’accouchement, au cours duquel il sait faire preuve, à certaines conditions, d’une adaptation et d’une compliance immenses, le périnée est sollicité au quotidien.
Avant de l’accuser de tous les maux, de lui reprocher de « ne pas aller », d’être « trop ou pas assez » ou de se demander comment faire pour le muscler, le contracter, le masser, quand et… comment ? (Nous verrons tout cela dans un autre article) ; Je vous propose ici de le regarder autrement, de mieux le comprendre pour en prendre soin. Accueillir son quotidien dans le nôtre avec gratitude pour faire de ce « temple sacré » un allié.
Il est schématiquement composé d’une partie profonde, assurant continence anale et soutien des organes pelviens et d’une partie superficielle, impliquée dans la fermeture & la continence au niveau des différents orifices superficiels et dotée d’une innervation lui conférant une grande sensibilité au contact.
En médecine ayurvédique, il est le premier centre énergétique, le chakra sacré, lié à l’ancrage, à la sécurité mais aussi à l’énergie vitale et sexuelle. Il est aussi le siège des mémoires parfois oubliées ou dont on ne veut plus entendre parler.
Les organes pelviens
Imaginez votre petit bassin dont vous pouvez toucher les contours que vous connaissez maintenant (périnée : visite guidée) et les organes qu’il abrite, intimement liés au périnée : En vous imaginant en position allongée sur le dos : en haut, sous la symphyse pubienne, la vessie, sous la vessie, le vagin, au fond du vagin : le col de l’utérus et dans sa continuité l’utérus qui se penche en avant au-dessus de la vessie (sauf pour les 20% de femmes qui ont un utérus rétroversé et chez lesquelles il se penche vers l'arrière), en bas à l’arrière : le rectum et sa partie terminale : le canal anal dont il est séparé par le cap anal, lieu stratégique formant un angle pour assurer la continence grâce à la contraction du muscle releveur de l’anus (un des muscles profonds du hamac pelvien). Vous pouvez facilement sentir la contraction de ce muscle en contractant comme si vous vouliez retenir un gaz, sans contracter les fesses ni les cuisses 😉 faites cet exercice dans différentes positions et observez.
Périnée, pressions & posture
Pressions
Replaçons le périnée dans un « TOUT » pour y mettre conscience et attention à tous les moments où il est sollicité, de façon volontaire ou involontaire.
Tout effort physique externe (lié aux mouvements de nos bras et de nos jambes) comme tout effort « interne » tel que la toux, l’éternuement, le rire… sont susceptibles de générer des pressions dites involontaires à l’intérieur de notre abdomen et par voie de conséquence, sur le périnée.
L’abdomen est une sorte de « caisson » limitée en haut par le diaphragme, en arrière et sur les côtés par la colonne vertébrale et les côtes et en avant pas la paroi abdominale. Lorsque tout va bien, les pressions abdominales sont renvoyées vers le haut par le périnée profond.
Des pressions internes, dites volontaires peuvent également être exercées : lorsque nous poussons pour uriner ou pour aller à la selle ou lors de la poussée dite bloquée au coup de l’accouchement. Physiologiquement, si l’on respecte la sensation de besoin sans la différer de façon réitérée, les fonctions d’élimination ne nécessitent pas de pression volontaire… Ces pressions sont donc, autant que possible, à proscrire ! De même, les efforts physiques qui augmentent mécaniquement la pression abdominale en faisant ressortir le ventre comme les abdos « crunch », sont également à éviter.
De bonnes habitudes (écouter ses besoins d’élimination et avoir une bonne hygiène alimentaire pour faciliter le transit) contribuent à protéger le périnée. mettez un petit tabouret dans les toilettes de façon à pouvoir surélever vos genoux au-dessus du niveau du bassin lorsque vous allez à la selle. Observez si c’est plus facile ainsi, juste en laissant faire. Cette position favorise le relâchement du hamac pelvien et donc la défécation sans avoir besoin de pousser.
& posture
La posture a une importance capitale ! Je vous propose l’image schématique d’un fil à linge dont l’efficacité sera liée à sa solidité mais aussi à la qualité de l’ancrage de la structure sur laquelle il est fixé.
Votre périnée serait le fil, votre bassin la structure, les piquets, vos points d’appui au sol : Sa capacité à adapter son tonus de façon adéquate est liée aux efforts mais aussi à notre posture, la solidité de notre ancrage et l’alignement dans nos axes (vertical, avant/arrière et droite/gauche). Autrement dit, si je suis bancale ou dans des appuis instables (les pieds en position debout ou le bassin en position assise), je mets mon périnée en difficulté, plus ma posture sera « alignée » mieux les pressions seront renvoyées dans la bonne direction. les posture de l’arbre et de la montagne en yoga sont intéressantes pour un bon ancrage.
Je vous invite à préserver votre périnée d’une « hyperadaptabilité » qui pourrait l’épuiser et à savourer de façon renouvelée, ce bonheur indicible du corps qui va bien, dans un fonctionnement fluide, ce « plaisir fonctionnel » du corps en général et ici du périnée en particulier, lorsqu’il nous exempte de douleur, de fuites, de pesanteur, de gêne, de freins. [3][4][5]
Proposition de pratiques
Sentir le périnée superficiel et profond :
- Vous pouvez sentir la contraction de la partie superficielle du périnée : allongée sur le dos, jambes fléchies & pieds à plat au sol, cherchez à refermer la vulve dans sa largeur, en rapprochant les ischions, contractez comme si vous les aimantiez l’un à l’autre et relâchez.
- Maintenant, contractez pour rapprocher le pubis et le coccyx, comme si vous vouliez raccourcir un segment tendu entre ces deux points et relâchez.
- Pour la partie profonde, dans la même position ou en positions assise : bien installée sur vos ischions, posez l’intention de remonter le hamac pelvien qui ferme votre bassin en bas, vers le haut de votre corps, un peu comme le plancher d’un ascenseur. Imaginez 3 étages et montez sur le souffle, jusqu’à un premier palier où vous restez 5 secondes en respirant régulièrement. Relâchez. Puis de la même façon, montez au 2ème et enfin au 3ème. Peut-être sentirez-vous la contraction simplement le relâchement.
Faites le mouvement de retenir une envie d’aller à la selle ou de retenir un gaz, (non de contracter l’anus mais de le remonter vers le haut) vous sentez ainsi le raccourcissement du muscle releveur de l’anus. Vous pouvez sentir son relâchement lorsque vous allez à la selle.
Effectuez ces exercices dans différentes positions pour sentir l’influence de votre posture sur votre ressenti.
Soyez patiente, si vous n’avez jamais fait ce genre d’« exercice ». Il vous faudra un peu de temps pour monter le volume de vos sensations, affiner votre écoute, c’est normal ! On peut parfois sentir la contraction parfois le relâchement, témoin indirect de la contraction.
Ecouter son corps :
Ecoutez-vous, comme vous aimeriez être écoutée, votre corps lorsqu’il vous parle ? Oui, vous savez, ces messages qu’il vous envoie à longueur de journée au travers de vos sensations ?!
Qu’avez-vous coutume de faire de ces sensations de froid, de chaud, de soif, de faim, de satiété, de fatigue et de besoin de dormir ou de se reposer, de contraction ou de repos musculaire ?
Et vos besoins ? D’élimination : Besoin d'uriner, d'aller à la selle ou autres : de bouger, de sortir, d’être seule ou entourée, d’affection, de câlins…
- Quel rythme est le vôtre ? Quelles sont vos priorités ? Un accordage existe-t-il entre vos sensations ou besoins et l’action dont vous décidez ?
- Quelles est votre hygiène de vie ? De quoi vous nourrissez-vous ?
« Que ton aliment soit ton premier médicament ». Hippocrate
Je vous propose simplement et avec la plus grande bienveillance d’observer ce qu’il en est sur une journée ou une semaine, la durée qui vous paraîtra suffisante pour répondre à ces questions dont la liste n’est pas exhaustive !
Dans un second temps, observez vos réponses à ces questions, et mettez une attention particulière sur ce qui peut être en lien avec le tonus de votre périnée. Il est toujours utile de le remettre dans notre globalité, celle de notre corps physique mais également de nos corps, émotionnel, mental et énergétique.
Permettez-vous cet accordage de la sensation ou du besoin avec vos actions ?
Forte de ces observations et peut-être prises de conscience, il n’y a plus qu’à passer à l’action pour gagner en accordage 😉 Toujours Avec bienveillance en commençant par ce qui vous semble le plus simple à ajuster. Un objectif après l’autre !
Delphine Messiaen / Sage-femme / Accompagnante holistique des femmes
Diplômée en homéopathie (CEDH & FFSH) et en santé environnementale (IFSEN & W
[1] Faculté d’une structure à se stabiliser par le jeu des forces de tension et de compression qui s’y répartissent et s’y équilibrent. https://www.youtube.com/watch?v=YhtJaKvPIBo
[2] http://www.espaces-sacres.org/wp-content/uploads/2020/10/Martel_Jacques_-_Le_grand_dictionnaire_des_malaises_et_des_maladie.pdf
[3] « un périnée heureux c’est possible » Efféa Aguiléra
[4] « Le périnée féminin et l’accouchement » Blandine Calais-Germain
[5] « Abdominaux arrêtez le massacre » / « Périnée arrêtons le massacre » Bernadette de Gasquet
Pour découvrir tous nos articles sur le périnée : https://lansinoh.fr/collections/preparation-a-la-naissance-et-post-accouchement