Les douleurs périnéales au décours de l’accouchement.
L’accouchement est une vraie épreuve sportive qui n’a, en intensité, n’a rien à envier à un marathon… Alors, aux lendemains de cette expérience, il n’est pas étonnant que votre corps et votre périnée en particulier ne soient pas si confortables ! On peut parfois avoir l’impression, souvent majorée par le fait d’avoir accouché sous péridurale, d’être passée sous un « rouleau compresseur ».
Un bébé (au moins !), suivi de son placenta, est passé par là et cette expérience physique extraordinaire est doublée de toute la charge émotionnelle qui accompagne son arrivée et la naissance d’une mère. Vous venez d’accoucher et toute la pression de la grossesse retombe. Vos sensations périnéales dépendront bien sûr des lésions anatomiques[1], de la façon dont elles auront été recousues mais aussi du contexte, de votre vécu de la naissance et de celui de la grossesse. (Lorsque les conditions de la naissance ont permis de se sentir active, de ne pas subir, l’état d’esprit dans lequel on se trouve est plus favorable à la sécrétion d’ocytocine. Cela va de pair avec une meilleure sécrétion d’endorphines et une diminution de la douleur. [2])
Le 1er chakra (chakra racine) se trouve au niveau du périnée. C’est un centre énergétique primordial à notre sensation de sécurité, d’ancrage, de confiance en soi. Toute douleur (et plus largement toute stimulation) à cet endroit peut raviver des traumatismes, influer sur l’image de soi, son rapport au corps… Et connecter des émotions de toutes sortes (peurs, découragement, ressentiments, colère…)
En ces moments où votre corps est loin encore de celui qui était le vôtre avant la grossesse, et où tout converge vers un bébé qui est maintenant en dehors de vous et dont vous vous sentez peut-être encore un peu étrangère (être mère est loin d’être toujours une évidence), il n’est pas si facile de (re)trouver ce précieux « centre » auquel s’amarrer pour se connecter à soi.
Entre un moral parfois fluctuant, des émotions très labiles (et c’est normal !), on se passera d’en rajouter avec des douleurs ! Elles peuvent impacter votre bien-être, votre disponibilité et votre rapport aux autres pour diverses raisons : elles limitent votre mobilité et votre aisance à allaiter confortablement (ce qui peut retentir sur votre production d’ocytocine et de lait), génèrent des appréhensions pour aller à la selle ou uriner et plus largement sur le devenir de votre périnée, de votre intimité…
Prendre soin de soi
S’accueillir dans toutes ses dimensions, en étant indulgente avec soi-même, en s’offrant du réconfort, se réapproprier cette partie de son corps (et son corps tout entier !) avec patience, y mettre de la douceur, du soulagement, doivent être des priorités pour retrouver intégrité et énergie et parcourir ce chemin plus ou moins chaotique mais toujours transitoire !
Au regard des études sur les traumatismes périnéaux et la douleur, une épisiotomie est statistiquement plus douloureuse qu’une déchirure, une déchirure est statistiquement plus douloureuse que des éraillures ou un périnée intact. Mais personne n’est une statistique et ces études ne prennent pas en compte le vécu et le contexte. Il est impossible d’en faire une règle., encore moins une fatalité. Certaines épisiotomies ne sont pas douloureuses alors que des périnées intacts pourront être très inconfortables.
Quid de la couture sur le périnée... ?
Si vous n’avez pas eu de péridurale, elle se fait sous anesthésie locale. La peur contribue à majorer la douleur, demandez à la sage-femme ou au médecin de vous prévenir, de vous expliquer les étapes.
Pour une épisiotomie ou une déchirure, recoudre se fait en plusieurs temps et plusieurs plans : d’abord la partie musculaire (plus profonde), puis la muqueuse et enfin la peau. Cela explique que le temps de couture peut vous sembler long.
Il arrive de n’avoir à faire qu’un ou deux points à la peau au niveau de la « fourchette » (partie inférieure de l’entrée du vagin).
Les fils que vous pourrez voir ou sentir seront ceux qui se trouvent au niveau de la peau (ou de la muqueuse). Ils sont en général tous résorbables. Les techniques de suture peuvent varier : points séparés / suture en un seul fil.
N’hésitez pas à demander ce qu’il en est pour vous. Il est important pour vous de savoir ce qu’on vous fait ou vous a fait. Cela pourra vous aider à mieux interpréter certaines sensations que vous aurez et surtout à vous réapproprier votre corps. Je vous invite à demander que l’on vous montre votre périnée (dès la salle de naissance ou avant votre sortie, avec un miroir) ou au moins que l’on vous dise combien de fils il y a et où, de quelle longueur ils sont, à quoi ils ressemblent…)Cela a l’intérêt d’éviter d’imaginer la réalité en pire !!! (Une cicatrice plus grande qu’elle ne l’est par exemple !)
Certaines déchirures superficielles, de même que les éraillures si elles saignent peu, peuvent cicatriser sans être suturées. L’absence de contrainte des tissus liés à des fils est souvent plus confortable. Des sensations de picotements ou de brûlure peuvent être ressenties en allant aux toilettes.
Des œdèmes, des hémorroïdes, des hématomes / ecchymoses, des sensations de pesanteurs (cette liste n’est pas exhaustive !) peuvent également être source de douleurs dont l’intensité est là encore très variable d’une personne à l’autre.
Devant des causes de douleurs si multiples et des ressentis si variés (j’ai vu dans ma pratique autant de ressentis différents que de femmes !), il n’y a qu’une certitude : comme douceur ne rime pas si bien avec douleur, il est indispensable de trouver des moyens d’être soulagée.
Certains produits de la nouvelle gamme pré et post accouchement de Lansinoh peuvent vous aider :
Huile de massage du périnée BIO : Préparer l’élasticité de son périnée avant l’accouchement
Spray Apaisant post accouchement BIO : Une fraicheur et un soulagement instantané et naturel (aloe vera, lavande…)
Douche intime Périnée : Garder le périnée propre avec un jet d’eau doux pour éviter une douche complète ou un papier toilette rêche
Serviette Apaisante chaud / froid : Glacée au congélateur sur le périnée et les hémorroides ou chauffée au micro-ondes et posée sur le ventre pour les crampes utérines, elle sera votre meilleure alliée post-accouchement.
Si vous avez mal, n’ayez aucune réticence à prendre des antalgiques, il y a ici prescription !
Et cela sera de courte durée. Paracétamol, voire anti-inflammatoires, tels que l’ibuprofène peuvent être ici d’un recours précieux et seront d’autant plus efficaces que vous les prendrez tôt par rapport à l’apparition de la douleur.
L’application de froid[3] / les cataplasmes d’argile soulageront les œdèmes, les hémorroïdes, les hématomes. Le port de bas de contention améliorera la circulation et aura un effet positif sur les hémorroïdes (sans oublier bien sûr tout ce qui pourra faciliter le transit).
En cas d’hématomes ou d’ecchymoses, (souvent associées à une épisiotomie ou une extraction instrumentale), l’arnica 9 ch en granules homéopathiques trouvera toute sa place 😉.
L’apis mélifica en 9 ch fera des merveilles sur les œdèmes (également au niveau des seins) surtout si le froid soulage et à condition de répéter fréquemment la prise de 3 granules.
Sur les cicatrices et les éraillures, l’application d’un spray apaisant sera bienvenue[4]. (Veillez toujours à utiliser des produits certifiés bio.)
Les sensations de pesanteurs soulagées par la position allongée seront une invitation à vous reposer. Si elles sont très présentes, allongez-vous au moins 10mn 3x/jour. Vous pouvez opter aussi pour des postures de yoga inversées comme le chien tête en bas ou faire des exercices de fausse-inspiration[5].
L’hypnose
ou l’auto-hypnose, la sophrologie ou encore la méditation pourront être également précieux pour réduire la douleur, en agissant plus largement sur les sphères émotionnelles et énergétiques. Les exercices de respirations comme la cohérence cardiaque, en régulant systèmes les systèmes nerveux sympathiques et parasympathiques seront aussi un excellent moyen de réduire le stress et la douleur.
La naissance est un moment fort sur le plan énergétique et toute perturbation du flux de l’énergie dans le corps, tout blocage en particulier, peut accentuer des douleurs.
Ces différentes techniques facilitent la circulation de l’énergie. Si vous les pratiquez déjà, n’hésitez pas à les utiliser ! (Sinon, commencez par vous accordez 3 minutes de cohérence cardiaque 3 fois dans la journée[6] et observez les effets 😉)
En pratique… Quid de la cicatrisation
Le délai de cicatrisation varie d’une femme à l’autre, de 5 jours à 3 semaines mais ces délais ne sont pas stricts. Les fils peuvent mettre plus de temps à disparaître que les tissus n’en mettent à cicatriser. C’est pourquoi… S’ils sont encore là au-delà de 5 jours, les fils à la peau peuvent le plus souvent être retirés. La douleur peut être majorée si les fils sont très serrés ou si la peau cicatrise trop vite ! Si vous ressentez une douleur qui s’intensifie, n’hésitez pas à consulter votre sage-femme pour retirer les fils qui vous gênent au bénéfice d’un soulagement immédiat ! (Certains points vaginaux gênants peuvent aussi être retirés si besoin sans incidence sur la cicatrisation.)
Il peut également arriver que des fils partent et que la cicatrice se réouvre. Cela est toujours source de beaucoup d’appréhension. Restez zen ! C’est votre corps qui parle. Il ne voulait pas de cet auxiliaire de cicatrisation, c’est sans doute mieux ainsi. Faites-lui confiance ! Rassurez-vous, Il vous faudra un peu de patience (car ça semble toujours trop long !) la cicatrisation se fait toujours, depuis le fond vers la surface. Il est extrêmement rare qu’il y ait nécessité d’intervenir. Ne sous-estimez pas le pouvoir d’auto-guérison du corps !
Pour accompagner la cicatrisation (non exhaustif !)
En homéopathie, le staphysagria 9 ch en cas d’épisiotomie ou le calendula en 4 ch en cas de déchirure ou d’éraillures à raison de 3 granules 2x/j pourront s’avérer précieux. L’argile en cataplasmes est également très intéressante pour ses propriétés multiples (antalgique, antiseptique, cicatrisante, absorbante, hémostatique).
En cas de désunion, les produits cicatrisants à base de miel, la teinture mère de calendula[7] (diluée) et l’argile s’avèrent de précieuses aides à la cicatrisation. (Il est primordial que vous soyez suivie par un professionnel compétent pendant le processus de cicatrisation, ne serait-ce que pour vous rassurer)
Une bonne hygiène locale est bien sûr primordiale : le rinçage du périnée[8] à l’eau (+/- quelques ml de teinture mère de calendula[9]) à chaque passage aux toilettes y contribuera en complément d’une douche quotidienne. Elle préviendra l’infection de la cicatrice. Une bonne hygiène alimentaire riche en acides gras insaturés (huiles de colza 1ere pression à froid, huile de noix, des oléagineux, des aliments riches en vitamines et antioxydants, du zinc[10] et une bonne hydratation sont également essentielles à l’élasticité et à la capacité de régénération des tissus.
- L’utilisation de protections hygiéniques lavables permettra un gain de confort.
En conclusion : Ne restez pas seule avec vos questions, vos appréhensions, vos douleurs (il y a toujours des pistes de solutions pour les soulager). Après l’accouchement, on ne veut plus d’un corps inconfortable, de cicatrices, de fils. L’impatience que tout redevienne comme avant est légitime. Mais si ce corps qui parle était une occasion (même si elle est imposée) de prendre du temps pour soi, avec soi ? En étant un instant disponible à soi. Si vous ne disposez pas de temps en quantité (et ça ne serait pas surprenant !), offrez-vous en en qualité, dans l’intention que vous y mettrez.
Dans un premier rdv de vous avec vous (aussi furtif soit-il), démarrez votre mission de réappropriation de votre périnée, de votre corps, remerciez-le pour sa magie et planifiez d’autres rdv avec vous m’aime😉. Regardez, effleurez, touchez. Si c’est trop difficile de le faire toute seule, demandez conseil avec votre sage-femme. Cette connexion à vous contribuera à vous accueillir dans toutes vos dimensions et sera un préalable avant d’impliquer votre partenaire, concerné lui (elle) aussi par ce qui touche à votre intimité, avant la reprise d’une sexualité quand vous sentirez prête.
Pour prendre soin de soi… entre autres idées !
- Profitez d’un moment où votre partenaire peut s’occuper de votre bébé ou quelqu’un en qui vous avez confiance pour savourer le temps d’une douche : la sensation de fraîcheur, de tiédeur, d’enveloppement, d’apaisement qu’elle peut vous procurer. Pendant cette petite parenthèse, je vous invite à effleurer, toucher votre corps en conscience, pour vous le réapproprier, le réapprivoiser maintenant qu’il est redevenu votre enveloppe à vous, rien qu’à vous. Respirez, profondément. Observez et accueillez vos sensations, vos émotions. Jouez avec la pression du jet si vous pouvez, la température pour rendre ce temps le plus agréable possible. (Il n’y a pas de petit « kif[11]» !)
- Demandez à votre partenaire de vous prendre dans les bras, partagez avec lui vos ressentis, physiques et émotionnels. Il peut aussi partager les siens. La bienveillance doit être l’intention. Il est précieux de mettre des mots, surtout s’il y a des maux.
- Pratiquez les auto câlins[12]! On n’est jamais mieux servi que par soi-même alors si vous n’avez personne sous la main, ça ne vous prendra pas très longtemps et peut vous faire beaucoup de bien de vous auto-câliner.
Article écrit par Delphine Messiaen / Sage-femme / Accompagnante holistique des femmes
Diplômée en homéopathie (CEDH & FFSH) et en santé environnementale (IFSEN & WECF)
https://www.delphinem.fr/
[1] https://lansinoh.fr/blogs/post-naissance/les-traumatismes-du-perinee
[2] Petite digression proposée : https://ciane.net/2012/09/respect-des-souhaits-et-vecu-de-laccouchement/
[3] https://lansinoh.fr/products/serviette-post-accouchement-apaisante-froid-chaud
[4] https://lansinoh.fr/products/spray-apaisant-post-accouchement-bio
[5] https://www.youtube.com/watch?v=CJMHAozjwg0
[6] Appli respirelax ou petit bambou
[8] https://lansinoh.fr/products/douche-intime-perinee
[9] Le calendula a des propriétés cicatrisantes et aseptisantes.
[10] https://ciqual.anses.fr/ sous forme de complément, préférez-le associé à la vit B6 et sous forme de bisglycinate
[11] https://www.florenceservanschreiber.com/livre/3-kifs-par-jour/
[12] https://www.cosmopolitan.fr/autocalinage-se-prendre-dans-ses-bras,2039341.asp