Interview de Myriam Panard, consultante en lactation pour Lansinoh France.
"Bonjour,
Je m’appelle Myriam Panard, et je suis consultante en lactation certifiée IBCLC pour Lansinoh France. Vous me connaissez peut-être déjà à travers les articles que je rédige sur le blog de Lansinoh, ou sur mon propre site consacré à l’allaitement et au maternage en général. Je propose des consultations pré et post-natales en cabinet, en maternité, au domicile des parents et via Skype/ FaceTime/ Whatsapp vidéo. J’anime également des groupes au sein d’associations de parents."Bonjour Myriam ! Comment en êtes-vous venue à vous intéresser à l’allaitement ?
L’allaitement pour moi, c’est une histoire qui remonte à ma petite enfance. En effet, je suis née prématurée (à environ 34SA) et j’ai souvent entendu ma mère vanter l’allaitement et dire que c’était grâce à son lait si j’étais en vie. Elle était si fière et si heureuse de m’avoir allaitée que lorsque je suis devenue mère à mon tour, je ne me suis jamais posée la question du biberon et mes deux fils (âgés maintenant de 19 et 16 ans) ont tout deux été allaités, pour mon plus grand bonheur.
En fait, c’est cette expérience personnelle de l’allaitement qui m’a conduit à une véritable reconversion professionnelle il y a environ 15 ans. Avant cela, j’enseignais le Français Langue Étrangère (FLE) à des expatriés installés en France, ainsi que dans différents pays. Le fait de devenir maman allaitante m’a ouvert les yeux sur l’importance de la transmission entre mères. En Angleterre où je me suis installée peu de temps après la naissance de mon fils ainé , j’ai rencontré des femmes exceptionnelles qui faisaient le métier de consultante en lactation, elles sont devenues des modèles pour moi.
Huit mois après la naissance de mon deuxième enfant on m’a proposé de participer à une formation sur l’allaitement qui m’a permis de soutenir bénévolement des futures et nouvelles mères dans mon quartier londonien et dans la grande maternité du secteur. Cette expérience si riche m’a transformée et il m’a alors semblé évident et naturel que j’en fasse mon nouveau métier, j’ai alors entrepris une formation approfondie sur le sujet, tout en continuant mes heures de pratique afin d’être éligible à l’examen.
Toute chose considérée, cette reconversion m’apparaît comme quelque chose de très logique par rapport à ce que je faisais auparavant en tant qu’enseignante. Il y a au cœur de ce métier de la transmission, de l’humain, de l’accompagnement, le prolongement de tout ce que j’aime, en somme !
Comment décririez-vous le métier de consultante en lactation ?
Mon métier de consultante en lactation consiste principalement à informer les gens sur l’allaitement maternel car c’est un sujet qui concerne tout le monde, c’est en effet une question de santé publique. Je suis présente surtout auprès des mamans qui ont besoin d’être accompagnées dès les premières questions pendant leur grossesse, puis à la naissance de leur bébé durant la période de mise en place de leur allaitement et enfin jusqu’au sevrage de leur bébé et la fin de leur allaitement. Sans jugement, une consultante en lactation va jouer tour à tour le rôle de facilitatrice de l’allaitement, mais aussi de personne-ressource, de coach… Une jeune mère peut avoir des moments de doute, d’interrogation, de perte de confiance, des moments où elle a besoin de quelqu’un de rassurant à ses côtés, qui la comprend et l’aide à surmonter ses difficultés.
"Notre mission est de protéger l'allaitement, de le promouvoir et de le soutenir"
Comment avez-vous connu Lansinoh, et pourquoi avez-vous décidé de travailler en partenariat avec la marque ?
J’ai connu Lansinoh à des conférences il y a plus de 10 ans en Angleterre puis j’ai été mise en contact avec eux fin 2016 par l’intermédiaire d’une amie consultante en lactation à qui on avait proposé de devenir leur référente allaitement mais qui n’était pas suffisamment disponible ni intéressée pour écrire des articles. L’idée de collaborer avec ces experts de l’allaitement m’a tout de suite beaucoup plu. Notre mission est de protéger l’allaitement, de le promouvoir et de le soutenir, en informant notamment les parents et leur entourage, mais aussi les professionnels de santé dans les maternités ou les cabinets médicaux. Nous organisons beaucoup de rencontres, d’études, afin d’offrir les meilleurs conseils et informations, tous basés sur les dernières avancées dans l’allaitement dans le respect des choix de chacun.
Je peux également, en fonction des besoins et en partenariat avec mon réseau médical, suggérer des produits et des solutions adaptées pour répondre aux petits tracas qu’engendre parfois l’allaitement. Qu’il s’agisse des dernières crèmes ou médicaments pour soutenir la maman allaitante, notre expertise doit aussi servir à pouvoir les conseiller du mieux que nous pouvons. C’est donc aussi une raison pour laquelle je collabore avec Lansinoh. Leurs années d’expérience en tant que spécialistes de l’allaitement ont fait d’eux de vrais pionniers dans leur domaine, notamment concernant l’usage révolutionnaire de leur crème à la Lanoline, vantée par deux générations de femmes allaitantes.
En fonction des situations que je rencontre auprès des mères, de nombreux produits Lansinoh ont en fait vraiment été pensés pour répondre à leurs besoins de confort et de praticité. Évidemment, je ne suis pas une VRP de la marque, davantage une conseillère qui connaît bien leurs produits .
Je suis aussi un lien entre Lansinoh et la communauté des mamans en ligne, pour prendre la parole sur différents sujets, et je représente ma profession lors de tous les événements organisés par la marque.
"La France n’est pas encore un pays où l’allaitement est la norme"
Votre rôle, c’est aussi de faire évoluer les mentalités sur l’allaitement, en somme ?
Je suis tout à fait consciente des différences qui existent d’un pays à l’autre, dans le soutien que l’on apporte aux jeunes mamans. La France n’est pas encore un pays où l’allaitement est la norme, même si les choses changent, en partie grâce au travail des consultantes en lactation. Je suis très heureuse de rencontrer de plus en plus de jeunes femmes qui ont vraiment envie d’allaiter, malgré les éventuels défis qu’elles s’apprêtent à relever.
Depuis que j’exerce ce métier, j’ai pu voir évoluer beaucoup de mamans, j’en ai rencontré qui n’avaient pas de véritable projet, d’autres qui avaient fait le choix d’allaiter avant tout pour la santé de leur bébé et d’autres encore qui avaient peur d’allaiter. La plupart n’ont pas forcément conscience de ce que représente l’expérience de l’allaitement avant de tenir leur bébé dans les bras mais à partir du moment où elles se sentent soutenues, bien accompagnées, leurs instincts primaires de mères allaitantes peuvent s’exprimer et tout coule de source, un vrai bonheur qui peut même devenir addictif.
Je suis également très intéressée par la question de la prématurité ayant assisté à de nombreuses conférences sur le sujet et dédié du temps à une des plus anciennes banques de lait au monde à Queen Charlotte Hospital (Londres). De plus, j’ai travaillé pendant presqu’un an au lactarium d’Ile de France à l’hôpital Necker pour soutenir les mamans de bébés prématurés, faire la promotion du don de lait maternel et collecter le lait des donneuses dans un secteur donné, services de néonatologie compris.
Beaucoup d’idées reçues circulent à propos d’allaitement et mon rôle est de les combattre en les remplaçant par des informations fiables.
Pourriez-vous expliquer ce qu’est la certification IBCLC ?
C’est un label de qualité reconnu internationalement, qui témoigne d’une formation approfondie sur tous les sujets d’allaitement et de lactation humaine. C’est une certification qui doit être revalidée tous les 5 ans par de la formation continue (journées d’étude, conférences) et tous les 10 ans par un examen. Il faut en effet dans ce métier savoir se mettre à jour constamment, se remettre en question, suivre un code d’éthique et se former continuellement. Les consultants en lactation doivent toujours être au courant des dernières études, des dernières approches pour soutenir au mieux les parents qui souhaitent allaiter et leur proposer des prestations de qualité. J’ai été initialement formée à Londres par un organisme dédié, et j’ai passé mon premier examen en anglais après acceptation de mon dossier de candidature en 2009. En octobre 2019, j’ai repassé l’examen à Paris et en français cette fois, afin de revalider ma certification IBCLC (International Board Certified Lactation Consultant) après 10 ans de pratique (3 années à Londres et 7 en région parisienne).
Comment rédigez-vous les articles pour Lansinoh ?
Lansinoh et moi discutons au préalable des sujets à traiter dans les articles destinés aux mamans et dans les brochures dédiées aux professionnels de santé. Avant le travail de rédaction, je lance mes idées sur papier, je relis des passages consacrés au sujet choisi dans des livres de référence ou des revues scientifiques, je vérifie les dernières études, je prends des notes, je fais un plan avec les idées principales que je souhaite mettre en avant et enfin je rédige m’appuyant souvent sur des cas concrets rencontrés dans l’exercice de ma fonction. Il y a ensuite la partie relecture, avec reformulation de phrases trop longues ou adaptation du vocabulaire choisi en fonction du public visé. Je soumets l’article à Lansinoh puis selon leur retour, je retravaille si nécessaire certaines parties ou non.
"Les clés majeures de la réussite de son allaitement résident dans la détermination personnelle et le soutien"
Quel(s) message(s) les professionnels de santé peuvent-ils faire passer aux mamans ?
Je pense que les clés majeures de la réussite de son allaitement en France résident dans la détermination personnelle et le soutien. Mon rôle est d’insuffler cette envie chez toutes les mamans que je rencontre, ou qui me lisent et de leur assurer un accompagnement sur mesure. Je me considère comme leur alliée, puisque je suis une femme moi-aussi mais je me dois également d’être l’avocate de leur bébé car celui-ci a besoin d’une voix pour défendre ses droits à l’allaitement. J’accompagne aussi les pères (ou compagnes) dans leur questionnement et les aide modestement à jouer pleinement leur rôle auprès de la dyade mère-enfant. C’est parfois une fonction délicate mais combien importante et enrichissante humainement parlant !
Tout professionnel de santé devrait avant tout rassurer les mères dans leurs compétences maternelles et leurs capacités à allaiter leur bébé même si elles rencontrent parfois des difficultés de mise en place en fonction des circonstances liées à leur histoire personnelle, leur grossesse, leur accouchement ou à des problèmes de succion du bébé. Grâce à un bon accompagnement, tout est possible ! Les femmes et les bébés ne sont-ils pas biologiquement programmés pour l’allaitement ?
Retrouvez tous mes conseils sur le blog Lansinoh ou sur mon site https://jallaitemonenfant.com/