Littéralement : Post partum vient de post = après & partum = la mise bas…
On entendra aussi les termes de période postnatale, suites de couches, mois d’or, 4ème trimestre de la grossesse, relevailles… Pour parler de ce temps qui suit l’accouchement, l’enfantement, la naissance.
La variabilité des termes employés, résonne sans doute avec la variabilité des vécus, le caractère singulier, étrange, mystérieux, unique de cette période aux contours un peu flous et bien moins racontée que l’accouchement en lui-même. Aussi est-il difficile de savoir à quoi s’attendre.
Pour autant, mieux on l’anticipe, mieux on s’y prépare, mieux elle sera vécue. Il ne s’agit pas d’être dans le contrôle bien au contraire, mais de se préparer à accueillir l’expérience la plus conforme à nos souhaits comme la plus opposée ! En un mot : adaptabilité !
Je vous propose quelques repères !
Combien de temps ?
10 à 12 jours
- C’est le temps de cicatrisation à la peau d’une déchirure, d’une épisiotomie ou d’une césarienne ; Le temps de retour de l’utérus dans l’enceinte du petit bassin.
D’un point de vue administratif, la prise en charge à 100% en maternité dure jusqu’au 12ème jour qui suit la naissance (JO=jour de l’accouchement), temps pendant lequel les visites d’une sage-femme à la maison sont intégralement prises en charge par l’assurance maladie.
28 jours
- Sous-période de la période postnatale : la période néonatale pendant laquelle le bébé sera appelé « nouveau-né » avant de devenir un « nourrisson ».
Une quarantaine de jours
- C’est le temps pendant lequel peuvent durer les saignements qui suivent l’accouchement. L’abondance peut être très variable. En cas d’allaitement maternel, la physiologie sera soutenue, le retour de l’utérus à sa taille et place initiale facilité par les contractions utérines sous l’effet de l’ocytocine produite pendant la tétée. La prise d’une contraception hormonale peut modifier les modalités des saignements. Dans tous les cas, en cas de persistance de saignements abondants et prolongés, il convient de consulter.
- Dans de nombreuses traditions, pendant 3 semaines à 40 voire 60 jours, la jeune accouchée est invitée au repos, à l’intérieur du foyer, souvent allongée, au chaud, avec une alimentation composée d’aliments chauds, de tisanes, de bouillons et bien entourée. (L’isolement dans les grandes villes prive souvent les femmes d’un précieux accompagnement communautaire ou transgénérationnel pendant cette période.)
6 à 8 semaines
- C’est le temps dont l’utérus a besoin pour retrouver sa taille (celle d’une figue) et sa position initiale dans le bassin.
- Ou encore la période qui se situe entre l’accouchement et le retour de couches (des règles). En cas d’allaitement maternel et selon la fréquence des tétées, cela peut prendre plusieurs mois.
Une durée très précise de 42 jours revient régulièrement dans la littérature !
9 mois
- Du côté de votre bébé, c’est la durée pendant laquelle son besoin de proximité avec vous est intense. Après 9 mois au-dedans de vous : 9 mois contre vous pour naître au monde.
Le contexte
Le vécu de cette période du Post Partum peut être bien sûr influencé par le contexte, notamment par le déroulement et le vécu de la grossesse et de l’accouchement. Les interventions, la fatigue accumulée, le fait d’être entourée ou isolée, l’organisation mise en place, mais aussi votre histoire et les antécédents familiaux, vos antécédents personnels, le contexte social et professionnel… Tout stress, traumatisme, éprouvé dans le contexte de la grossesse et de l’accouchement peut constituer une vulnérabilité et avoir des incidences à court, moyen ou long terme sur l’état psychique, émotionnel, les sensations physiques, l’énergie ressentie, l’entrain. Même s’il n’y a aucune fatalité, il est bon d’y être attentif(ve) et d’être, encore une fois, indulgent(e) avec soi-même et ne pas négliger de se faire accompagner si besoin. J’emploie volontairement le féminin et le masculin, chacun étant un peu sentinelle du bien-être de l’autre et chaque parent peut être concerné !
Une inévitable période de transition
La dyade maman bébé
D’un point de vue psychique, l’enfant imaginaire que l’on portait dans son ventre cède sa place à l’enfant réel que l’on peut porter dans ses bras. Un lien intime, voire amoureux, qui fait souvent suite à une sensation d’étrangeté, va se créer et relier la maman à son bébé, dans une capacité à s’adapter à ses besoins. Ce processus est soutenu par ce que Winnicott appelle préoccupation maternelle primaire ou capacité intuitive de la mère à répondre aux besoins de son bébé et M.Bydlowski, transparence psychique qui commence pendant la grossesse et perdure au-delà[1]. La vulnérabilité psychique peut être importante pendant cette période, glissant vers la pathologie pour 10 à 20% des mères. La dépression est considérée du postpartum quand elle apparaît dans l’année qui suit l’accouchement. (Précoce jusqu’à 6-8 semaines et tardive au-delà de 2 mois)[2]
La matrescence[3]
Au décours de la grossesse et de l’accouchement, moments clés de ce chemin d’évolution - pour ne pas dire de révolution - tant physique que psychique, émotionnelle, hormonale, neurobiologique, se joue comme à l’adolescence, une irréversible expérience de transformation. A l’issue de ce voyage aux paysages contrastés vers la mère, occasion de rencontrer sa Puissance et ses vulnérabilités, toute femme sort métamorphosée et parfois déstabilisée, ressentant le besoin d’être guidée, épaulée.
Accueillir cette métamorphose
Même si certainement au cours de ce voyage, il vous arrivera de traverser de sombres tunnels, la lumière est toujours au bout de ce pèlerinage à la rencontre de soi-même. Alors, je vous invite à accueillir cette formidable métamorphose comme un cadeau, à vous autoriser un « arrêt sur image », à inviter la patience pour prendre le TEMPS.
Prendre le TEMPS de déballer ce « présent ». Sans jugement, sans attente, sans comparaison.
Prendre ce temps nécessaire pour Accueillir tout ce que vous avez vécu, cette puissance et ces vulnérabilités traversées ou encore présentes, et pour vous accueillir dans toutes vos dimensions, tous vos corps, toutes vos identités, toute votre entièreté sans culpabilité.
Une proposition d’exercice
Je vous propose, pour prendre la mesure de l’ampleur de cette expérience que vous avez ou êtes en train de traverser, et avant d’y revenir dans un prochain article, de prendre un point de départ : par exemple, le moment où vous avez décidé cette grossesse ou celui où vous avez appris que vous étiez enceinte, et de lister sans réfléchir tout ce que vous avez vécu depuis ce moment, tout ce qui vous vient tout au moins. Vous pourrez compléter cette liste si vous le souhaitez au fil du temps.
[1] https://www.cairn.info/revue-le-carnet-psy-2001-3-page-30.htm?contenu=article
[2] https://www.rencontressantepubliquefrance.fr/sessions/les-1-000-premiers-jours-de-lenfant-et-au-dela-un-enjeu-de-sante-publique-2/
[3] https://clementinesarlat.com/podcasts/la-matrescence/
Delphine Messiaen
Sage-femme
Diplômée en homéopathie (CEDH & FFSH) et en santé environnementale (IFSEN & WECF)
Accompagnante holistique des femmes
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