Il vaut mieux avoir eu un entretien prénatal avec une personne spécialisée en allaitement avant d’être confrontée à une pluie de conseils contradictoires durant les quelques jours que vous passerez à la maternité sinon ce sera très déstabilisant. Si vous ajoutez à cela la fatigue de l’accouchement, les suites de couche souvent éprouvantes tant physiquement qu’émotionnellement, les dictas des professionnels et vous pouvez très vite vous sentir débordée.
Nous vous avons donc concocté toute une liste de conseils pour vivre sereinement la mise en place de votre allaitement en maternité.
Conseils pour vivre sereinement l’allaitement dès la maternité :
- En salle de naissance : le papa devrait veiller à ce que votre bébé ne soit pas séparé de vous (sauf urgence vitale) et ait la possibilité de faire sa première tétée en peau à peau et dans le calme, idéalement en le laissant chercher de lui-même le sein. Si maman et bébé doivent être temporairement séparés, alors c’est papa qui prendra le relais pour le premier contact en peau à peau.
- Si on propose un biberon de lait artificiel à votre bébé alors que vous avez un projet d’allaitement, questionnez le bien-fondé de cette démarche ! En réalité on ne mesure pas assez les conséquences de cet acte qui est encore trop souvent considéré comme anodin dans les maternités…Tous les professionnels de santé ne sont pas au fait des dernières études sur le microbiote, des risques d’allergie et des problèmes accrus de porosité des muqueuses digestives en cas d’ingestion précoce de lait artificiel.
- Si votre bébé perd plus de poids que la norme (c’est-à-dire plus de 10% de son poids de naissance), se fatigue au sein, développe une jaunisse… et que les professionnels insistent pour supplémenter votre bébé, demandez qu’on vous montre comment exprimer votre lait à la main (à moins que vous ne l’ayez déjà vu en préparation à la naissance) ou que l’on vous installe un tire-lait afin de donner VOTRE LAIT à VOTRE BÉBÉ. On se précipite souvent à tort vers les biberons de lait artificiel au lieu de prendre le temps de guider et rassurer la maman quant à sa capacité à nourrir son bébé de son lait.
- Si un complément de lait doit être donné à votre bébé, remettez en question l’allaitement au biberon et suggérez une cuillère, une pipette, un DAL (Dispositif d’Aide à la Lactation qui se compose d’une petite sonde attachée à une seringue pour allaitement ou plongée dans un récipient fermé contenant du lait. La sonde est fixée sur l’un de vos doigts et bébé reçoit le lait en tétant votre doigt. Sa succion n’est ainsi pas compromise).
- Les nuits en maternité sont souvent éprouvantes pour les jeunes mamans qui se sentent très seules face à un bébé qui réclame beaucoup les bras et le sein, en particulier durant la nuit qui précède la montée de lait. Alors pourquoi ne pas insister pour que le papa reste la nuit auprès de sa compagne et de leur bébé ? Cela sera plus rassurant et au moins vous n’aurez pas à subir les remarques désobligeantes du personnel de nuit… « attention vous allez devenir sa tétine géante ! », « un biberon ne lui fera pas de mal et comme ça vous pourrez dormir », « vous ne savez pas comment vous y prendre, c’est pourtant simple ! »…etc.
- Oui tous les bébés ont de forts besoins de succion, ce n’est pas une raison pour leur coller une tétine dans la bouche peu de temps après leur naissance… c’est au sein qu’ils devraient être sans restriction et avec de bonnes positions cela ne devrait pas faire mal. On n’a pas besoin de minuter une tétée, c’est en observant le bébé qu’on peut se rendre compte de son efficacité. N’hésitez pas à demander à une personne compétente de venir observer une tétée complète et si votre bébé se retire doucement du sein de lui-même, c’est un bon signe. Alternez les deux seins au maximum afin de bien les stimuler, sans oublier les massages, l’utilisation au besoin de compresses chaudes (avant tétée) et froides (entre les tétées) en cas d’engorgement au moment de la montée de lait.
- Pour améliorer votre confort et minimiser la fatigue, n’acceptez pas beaucoup de visiteurs dans votre chambre de maternité. Mieux vaut cocooner avec votre bébé et sommeiller ou dormir dès qu’il s’endort pour récupérer plus vite des chamboulements physiques, hormonaux et psychiques liés à votre grossesse, accouchement et allaitement.
Grâce aux bonnes informations connues au préalable et à un soutien sans faille de votre partenaire de vie, les premiers jours après votre accouchement devraient bien se passer et si toutefois vous rencontriez des difficultés (douleurs à la mise au sein, lésions sur les mamelons, engorgement important…) il ne faudrait pas hésiter à faire appel à une consultante en lactation privée qui pourrait se déplacer sur place si aucune n’est disponible dans l’établissement. Vous auriez ainsi de plus grandes chances de réussir votre projet d’allaitement.
Article rédigé par Myriam Panard, consultante en lactation certifiée IBCLC pour Lansinoh France