Si votre bébé est né plus tôt et doit rester hospitalisé en service de néonatologie, vous aurez besoin de beaucoup de soutien de la part des professionnels de santé et de votre entourage car c’est une situation très stressante à vivre. Gérer la séparation, les inquiétudes sur l’état de santé de votre bébé, se remettre physiquement et psychologiquement de l’accouchement, organiser sa vie autour des visites à l’hôpital… Une des choses qui peut profondément vous aider est de créer un lien lacté avec votre bébé. Amorcer votre lactation et la maintenir par des tirages de lait réguliers afin de nourrir votre bébé de cet élixir de santé vous donnera beaucoup de satisfaction personnelle, cela augmentera entre autres votre sentiment de compétence maternelle.
Vous vous sentirez valorisée, vous serez en quelque sorte plus active et participerez ainsi davantage aux soins de votre nouveau-né, cela vous donnera la force d’affronter toutes les difficultés et vous aurez de ce fait toutes les chances de réussir un allaitement exclusif au sein lorsque votre bébé sera prêt.
Pourquoi votre bébé prématuré a-t-il encore plus besoin de votre lait ?
La nature a pourvu la femme d’un formidable pouvoir d’adaptation, en effet lorsqu’elle devient mère et que son bébé décide de naitre avant 37 semaines de gestation, le lait qu’elle fabrique diffère du lait qu’elle produirait si son enfant arrivait à terme. En effet, un bébé prématuré a un système digestif encore plus immature qu’un bébé né à terme et par la même est d’autant plus vulnérable aux infections. De ce fait, le lait de sa mère est particulièrement adapté à sa condition avec une plus grande concentration d’éléments protecteurs, anti-inflammatoires et de facteurs de croissance pour une meilleure maturation de ses organes, dont le système digestif. C’est avant tout un fluide vivant inimitable dont tous les composants agissent en synergie pour une croissance optimale du nouveau-né. Seuls les bébés nés avec un très petit poids de naissance reçoivent en général un enrichissement en certains nutriments pour assurer une croissance pondérale adéquate et éviter les carences.
Pour illustrer l’importance du lait maternel, mentionnons une des pathologies les plus redoutables et peu connues du grand public : l’entérocolite ulcéro-nécrosante (ECUN : ulcérations et nécroses des intestins après septicémie due à de multiples facteurs) qui apparait souvent à 2 ou 3 semaines de vie extra-utérine et qui touche essentiellement les bébés prématurés dont le poids est inférieur à 1,5kg. Le taux de mortalité est élevé (20 à 40%) et cette pathologie présente de graves séquelles à long terme en cas de survie après un traitement lourd et une chirurgie de l’abdomen très invasive. Le rôle protecteur du lait humain contre cette maladie a été démontré par plusieurs grandes études à échelle mondiale. On estime que l’ECUN est 5 à 10 fois plus fréquente chez les prématurés exclusivement nourris aux préparations artificielles, ne recevant donc aucun apport en lait humain (lait pasteurisé d’un lactarium ou lait de la maman).
Votre lait maternel est comme de l’or, chaque goutte est précieuse et peut sauver la vie d’un nouveau-né, alors n’hésitez pas à faire un don de lait maternel si vous en avez en surplus, les lactariums en ont besoin pour approvisionner les services de néonatologie. La valorisation du lait des mères donneuses peut contribuer à la promotion de l’allaitement maternel en général. En France, où seulement 20% environ de prématurés sont allaités ou reçoivent du lait maternel à leur sortie d’hospitalisation, les pouvoirs publics devraient mener de vraies campagnes d’informations à échelle nationale dans laquelle les futurs parents seraient particulièrement ciblés.
Si vous êtes donneuse de lait et/ou si vous avez eu un bébé prématuré, n’hésitez pas à partager votre expérience sur nos réseaux sociaux !
Bon allaitement à toutes !
Article rédigé par Myriam Panard, consultante en lactation certifiée IBCLC pour Lansinoh France