Dans cet article
- 1. Que sont les canaux lactifères ?
- 2. Quelles sont les mesures préventives pour éviter les engorgements localisés et les blocages des canaux lactifères?
- 3. Quels sont les symptômes courants de canaux lactifères bouchés ?
- 4. Quelles sont les causes possibles de canaux lactifères bouchés ?
- 5. Quelles sont les solutions pour « déboucher » les canaux lactifères ?
Vous êtes enceinte et vous envisagez d’allaiter votre futur bébé ou vous êtes déjà en train de l’allaiter et comme toute jeune maman vous vous connectez à Internet et découvrez tout un nouveau vocabulaire sur la lactation ? Tout un flot d’informations qui peuvent vous submerger et même vous angoisser à la lecture de certains témoignages….
Nous allons dans cet article donner un éclairage simplifié sur ce que sont les « canaux lactifères » et ce qu’il est important de savoir pour éviter les petits problèmes ou les résoudre rapidement.
Que sont les canaux lactifères ?
Comme nous l’avons déjà expliqué dans un article dédié à la physiologie de la lactation, vos seins se préparent depuis l’adolescence à remplir leur fonction biologique de l’allaitement d’un bébé. Toute une arborescence se construit petit à petit à chaque cycle menstruel et de manière plus significative à l’occasion d’une grossesse pour constituer une glande mammaire mature et prête à donner ses fruits à la naissance de votre bébé.
Si on reprend cette image d’arbre, les canaux lactifères représentent en quelque sorte les branches et leurs ramifications, celles-ci plus ou moins nombreuses constituent un réseau de densité variable selon les femmes. Ces canaux servent en fait à transporter le lait des unités sécrétrices que l’on pourrait comparer aux feuilles jusqu’aux pores de sortie se trouvant sur le mamelon. Comme chaque femme est différente, le nombre d’ouvertures au niveau du mamelon oscille entre 4 et 18, ce qui aura une incidente sur la manière dont le lait gicle du sein. Le lait est produit en continu à partir du sang.
C’est en fait le contact, la succion ou même la pensée seule du bébé (ou la stimulation adéquate du tire-lait combinée aux mains) qui fait venir le lait par l’action parallèle d’une hormone appelée Ocytocine. Celle-ci permet aux muscles qui entourent les unités productrices de lait de se contracter pour libérer le lait dans les canaux. Cette hormone est très liée à votre état psychique : en effet, si vous êtes trop tendue, stressée, le lait n’est pas libéré dans les canaux, il y a blocage d’où l’importance de trouver des positions confortables pour allaiter et aussi de s’assurer que l’entourage s’occupe vraiment de vous, vous chouchoute. La confiance, le bien-être sont essentiels pour bien vivre votre allaitement.
Quelles sont les mesures préventives pour éviter les engorgements localisés et les blocages des canaux lactifères?
- Ayez beaucoup de contacts corporels avec votre bébé dès le début et laissez-le téter aux moindres signes. Cela facilitera les choses même si parfois vous aurez l’impression que c’est très prenant, cela assurera une bonne continuité de sa gestation et vos seins s’adapteront progressivement aux rythmes de votre bébé. Lisez également l’article « L’allaitement jour après jour : à quoi s’attendre ?»
- Ne négligez pas les massages de votre poitrine, cela facilitera la circulation sanguine, lymphatique et le bon écoulement de votre lait. Lisez notre article dédié au massage des seins pour plus d’infos.
- Une alimentation saine et simple : évitez de manger des aliments industriels gorgés de graisses saturées et de sucre et préférez une alimentation constituée de produits frais et de saison riche en vitamines et en minéraux. Ne négligez pas vos apports en une bonne variété d’huiles de cuisine de préférence biologique et bien équilibrées en Oméga 3-6-9 ainsi que des fruits oléagineux (amandes, noix, noisettes, graines de lin, de courge, de tournesol..). Pour garder l’énergie, privilégiez des sucres lents sous forme de céréales complètes (riz, quinoa, boulgour, sarrasin, orge, avoine) et bien sûr choisissez des sources de protéines que vous aimez (viandes, poissons gras, légumes secs, œufs…). Le contenu de votre assiette est un garant de bonne santé et vous avez besoin de la préserver lorsque vous allaitez et vous occupez d’un petit bébé qui demande beaucoup d’attention. Lisez à ce sujet notre article sur « Votre alimentation pendant l’allaitement »
Quels sont les symptômes courants de canaux lactifères bouchés ?
- Vous constatez soudainement sur un sein une zone rouge et chaude, parfois indurée et douloureuse.
- Vous vous sentez fatiguée, vous pouvez même avoir un petit accès de fièvre.
- Il est possible que vous remarquiez aussi un point blanc douloureux ressemblant à une petite ampoule qui bouche l’un des pores du mamelon.
Quelles sont les causes possibles de canaux lactifères bouchés ?
- Les tétées se sont soudainement espacées ou vous n’avez pas tiré votre lait à la même fréquence : la vidange du sein ne s’est pas faite comme d’habitude.
- Vous avez porté des vêtements qui vous ont comprimé les seins : soutien-gorge ou brassière trop serrés ou présence d’armatures.
- Après un long voyage en voiture la ceinture de sécurité a appuyé sur une zone bien précise de votre sein.
- Votre bébé a été porté longtemps dans la même position et avec une écharpe de portage un peu trop serrée.
- Une zone de votre sein a été comprimée après vous être endormie sur le côté.
- Vous vous êtes allongée sur le ventre pendant une bonne heure pour recevoir un massage du dos.
- Votre bébé a une succion compromise, il n’arrive pas à bien drainer vos seins.
Quelles sont les solutions pour « déboucher » les canaux lactifères ?
Trois mots clés pour se sortir d’affaire :
- REPOS : allez vous coucher ! oui, oui, c’est important ! Préparez-vous des boissons et des en-cas à portée de main et détendez-vous !
- CHALEUR : appliquez de la chaleur sur la zone en question (les compresses apaisantes 3 en 1 chaud / froid de Lansinoh sont particulièrement bien adaptées pour cela) et répétez l’opération plusieurs fois dans la journée.
- DRAINAGE : faites téter votre bébé le plus souvent possible (au moins toutes les deux heures) en essayant de le positionner afin que son petit menton vienne masser la zone affectée. Si ce n’est pas faisable, massez cette zone avec votre pouce en mouvements circulaires durant les tétées ou tirez votre lait.
Si vous avez une ampoule sur le mamelon, consacrez une partie de la journée à essayer de la ramollir avec des frottements de compresses d’eau bien chaude afin qu’elle se perce naturellement. Faites suivre ces tentatives par de l’expression manuelle, le tire-lait ou une tétée. Il est fréquent une fois que c’est débloqué de voir sortir du mamelon une sorte de pâte épaissie de la forme et consistance des vermicelles. Cela vous soulagera énormément. Si ce problème d’ampoule est récurrent, tournez-vous vers des compléments alimentaires qui peuvent améliorer la consistance de votre lait le rendant plus fluide : la lécithine de soja est à ce sujet bien reconnue.
Attention, si vous n’observez aucune amélioration de la situation au bout de 24-36h ou si votre état se dégrade, allez vite consulter, vous pourriez avoir une mastite d’origine bactérienne qui nécessiterait un traitement antibiotique. Si c’était le cas, rassurez-vous, vous pourriez tout de même continuer à allaiter votre bébé sans aucun danger pour lui.
Cas particulier : Si vous avez subi une opération mammaire de type réduction de la masse globale de vos seins, il est fort probable que ce réseau ait été endommagé car sectionné à certains endroits avec souvent une découpe et une greffe de l’aréole (la partie la plus brune de votre sein et englobant le mamelon). Heureusement le corps humain est magique, il se répare, se reconstitue et par conséquent avec le temps les canaux lactifères retrouvent leurs routes et grandissent tout comme les connections nerveuses. Il est donc tout à fait possible, avec les bonnes informations et un accompagnement de qualité, qu’une femme ayant subi une telle intervention chirurgicale réussisse à allaiter son bébé, tout dépendra de sa santé initiale, de sa détermination personnelle et du temps qui sépare son opération de sa grossesse. Tout est possible !
En conclusion, soyez toujours à l’écoute de votre corps, n’anticipez pas les problèmes, restez zen, vivez au rythme de votre bébé, privilégiez votre confort et votre bien-être, cocoonez et tout ira bien... Et bien sûr si vous êtes empreinte de doutes à un moment ou un autre sur le chemin de votre allaitement, n’hésitez pas à prendre contact avec une consultante en lactation qui saura vous écouter et vous aider à trouver des réponses à vos questionnements.
Article rédigé par Myriam Panard, consultante en lactation certifiée IBCLC pour Lansinoh France